Prouvençau veici la coupo
Que nous vèn di Catalan:
A-de-rèng beguen en troupo
Lou vin pur de noste plant.
Coupo santo
E versanto
Vuejo à plen bord
Vueje abord
Lis estrambord
E l'enavans di fort !
D'un vièi pople fièr e libre
Sian bessai la finicioun;
E, se toumbon li felibre,
Toumbara nosto nacioun.
D'uno raço que regreio
Sian bessai li proumié gréu;
Sian bessai de la patrio
Li cepoun emai li priéu.
Vuejo-nous li esperanço
E li raive dou jouvènt.
Dou passat la remembranço
E la fe dins l'an que vèn.
Vuejo-nous la coneissènço
Don Verai emai dou Bèu,
E lis auti jouissenço
Que se trufon dou tombèu.
Vuejo-nous la Pouësio
Pèr canta tout ço que viéu.
Car es elo l'ambrousio
Que tremudo l'ome en diéu.
Pèr la glori dou terraire
Vautre enfin que sias counsènt,
Catalan, de liuen, o fraire,
Coumunien toutis ensèn.
|
Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru.
Coupe sainte
Et débordante
Verse à plein bords
Verse à flots
Les enthousiasmes
Et l'énergie des forts !
D'un ancien peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin;
Et, si les félibres tombent,
Tombera notre nation.
D'une race qui regerme
Peut-être sommes-nous les premiers jets;
De la patrie, peut-être nous sommes
Les piliers et les chefs.
Verse-nous les espérances
Et les rêves de la jeunesse
Le souvenir du passé
Et la foi dans l'an qui vient.
Verse-nous la connaissance
Du Vrai comme du Beau
Et les hautes jouissances
Qui se rient de la tombe.
Verse-nous la poésie
Pour chanter tout ce qui vit
Car elle est l'ambroisie
Qui transforme l'homme en dieu.
Pour la gloire du pays
Vous enfin qui êtes nos complices,
Catalans, de loin, ou frères,
Tous ensemble communions.
|